Marcher en ville

Ceux qui aiment marcher en ville sont familiers d’un état particulier de la solitude – une noire solitude ponctuée de rencontres comme le ciel nocturne est ponctué d’étoiles. Celle qu’on ressent à la campagne est de nature géographique : on a quitté la société des hommes (ce pourquoi la solitude s’explique par des raisons géographiques),…

Tout ce que l’on nomme amour

Cupidité et amour: quels sentiments, ô combien différents, ne suggère pas chacun de ces termes ! – et cependant il se pourrait que ce soit la même impulsion, doublement désignée tantôt de façon calomnieuse du point de vue des repus, en qui cette impulsion a déjà trouvé quelque assouvissement, et qui craignent désormais pour leur…

Liberté ? Egalité ? Fraternité ?

En quoi ces trois valeurs se complètent-elles ? C’est peu dire qu’elles se complètent. On peut soutenir, c’est le cas pour la liberté et l’égalité, qu’elles ne sauraient exister l’une sans l’autre. Êtr libre, c’est pouvoir agir selon les buts qu’on s’est fixés et ne pas subir la contrainte. A la seule condition , toutefois,…

L’amour

L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même ;l’oeuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. Rainer Maria RilkeLettres à un jeune poète http://www.paradis.fr

Une vie passée à caresser une vitre

Tu postes, tu likes, tu swipes tu cliques, tu scrolles, tu croules sous les notifset quand vient l’avalanche, tu te bouches le nez et tu croules Tu surfes sur le vide?l’iris éteint, rétine absenteTout ce que tu touches n’a plus de poils, n’a pas de peau.T’as 50 fenêtres ouvertes mais ton cœur se referme.Une vie…

Courtes habitudes

J’aime les courtes habitudes et je les tiens pour des moyens inappréciables d’apprendre à connaître beaucoup de choses et des conditions variées, pour voir jusqu’au fond de leur douceur et de leur amertume ; ma nature est entièrement organisée pour les courtes habitudes, même dans les besoins de sa santé physique, et, en général, aussi loin que je puis voir : du plus bas au plus haut. Toujours je m’imagine que telle chose me satisfera d’une façon durable — la courte habitude, elle aussi, a cette foi de la passion, cette foi en l’éternité — je crois être enviable de l’avoir trouvée et reconnue : — et maintenant je m’en nourris ; le soir comme le matin, un doux contentement m’entoure et me pénètre, en sorte que je n’ai pas envie d’autre chose, sans avoir besoin de comparer, de mépriser ou de haïr. Et un jour c’en est fait, la courte habitude a eu son temps : la bonne cause prend congé de moi, non pas comme quelque chose qui m’inspire maintenant du dégoût — mais paisiblement, rassasiée de moi, comme moi d’elle, et comme si nous devions être reconnaissants l’un à l’autre, nous serrant ainsi la main en guise d’adieu. Et déjà quelque chose de nouveau attend à la porte, comme aussi ma foi — l’indestructible folle, l’indestructible sagesse ! — la croyance que cette chose nouvelle sera la chose juste, définitivement juste. Pour moi, il en est ainsi des repas, des pensées, des hommes, des villes, des poèmes, de la musique, des doctrines, des programmes du jour, des manières de vivre. – En revanche, je hais les habitudes durables, et je sens comme l’approche d’un tyran et comme…

Paolo Cognetti

Entretien La Croix, Samedi 08 mai 2021. Extrait Vous parlez dans vos livres de l’amitié comme expérience « de la verticalité ». Qu’est-ce que vous voulez dire ? L’amitié peut devenir une expérience intense, ultime et profonde. Je connais ça avec mon ami Gabriele. La verticalité des relations, c’est ce qui nous ramène à la profondeur de notre…

Un dimanche après-midi sans fin

Les instants se suivent les uns les autres, rien ne leur prête l’illusion d’un contenu, ou l’apparence d’une signification; ils se déroulent ; leur cours n’est pas le nôtre ; nous en contemplons l’écoulement, prisonniers d’une perception stupide. Le vide du cœur devant le vide du temps, deux miroirs reflétant face à face leur absence,…

du ciel vers la mer

Je comprends ici ce qu’on appelle gloire Le droit d’aimer sans mesureIl n’y a qu’un seul amour en ce monde :Étreindre un corps de femmeC’est aussi retenir contre soi cette joie étrangeQui descends du ciel vers la mer Albert CamusNoces à Tipisa. 1939Gallimard.