Bombardements

VII. Ebranlés par l’absence nous nous taisons,Tous trois secoués par le bruissement des pierres.Nous nous appuyons épaule contre épauleNous nous tenons droitsCaryatides d’un bâtiment détruit,Colonnes du ciel de la destruction.Chacun est seul et chacun hésiteA prendre acte de sa solitude, à s’éloignerMais tremble que s’effondre ainsiL’édifice du néant. Mathias Enard Dernière communication à la société…

Palestine

Pour écrire une poésiequi ne soit pas politiqueje dois écouter les oiseauxEt pour écouter les oiseauxil faut que le bruit du bombardier cesse Marwan MakhoulAnthologie de la poésie palestiniennePoints, 2022

Je suis vivant

Sur le canal un oiseau immobilechante, et dans la solitudeappelle l’immensité – mes jeunes années. Je sensce matin que je suis vivant,je sens que mes mains blanchissentet que mes cheveux ombrent mon frontau cri blafard de cet oiseau. Puis le silence revient, épais, atrocesilence et moi, toujours lointain, songesuspendu, à peine vivant, je tente encorede…

devoir d’aimer

Albert Camus. Carnets 1 -1935- 1942 Exposition à Marseille, Bibliothèque de l’Alcazar« Albert Camus et la pensée de midi », du 12 au 31 décembre 2022

Baudelaire Jazz

Le jazz n’est pas un récit, il tisse sans fin la narration d’un grouillement des possibles, de lignes de fuite sans horizon. Le jazz est la « saisie » toujours recommencée d’un état impensable du réel. Patrick ChamoiseauBaudelaire JazzMéditations poétiques et musicales avec Raphaël ImbertSeuil. mai 2022

Kaléidoscope

Dans une rue, au cœur d’une ville de rêve,Ce sera comme quand on avait déjà vécu :Un instant à la fois très vague et très aigu …Ô ce soleil parmi la brume qui se lève ! Ô ce cri sur la mer, cette voix dans les bois !Ce sera comme quand on ignore les causes…

l’indicible

Parmi toutes les souffrances et les douleurs il y acelles qui n’ont pas de nom, des noms qu’il fauttrouver soi-même pour traduire leur état. Parexemple le fait de ne plus se sentir vivant ou cetteimpression de danger et d’étrange auxquels on nepeut se soustraire, entrevoir quelque chose, passerles portes d’un secret, qui obligent comme contre-sort…

Quatrains

Tes yeux qui ne regardent rienSont dans le vague, la distance.Si tu n’étais belle à ce point,Cela n’aurait aucune ‘importance Quand ta tête bouge et questionne,Tes pendentifs bougent ainsi:Deux hirondelles qui s’étonnent De voler sans l’avoir appris Tu ne dis jamais si t’a pluTout ce que j’ai gardé secret.Tu l’as deviné, j’en suis sûr,Qu’en as tu…

pluie d’automne, me couchant tard

fraîche, froide même, nuit d’automnetranquille, oisif, un vieillardje vais me coucher tard, la lampe est déjà éteinteje m’endors paisiblement, au son de la pluieplus que des cendres dans la bouillotte, chaleur de toute la nuiton vient ajouter de l’encens, réchauffer ma couvertureéclaircie à l’aube, il fait froid, je ne me lève pasles feuilles givrées jonchent…