[…] Sans aller jusqu’à penser qu’il soit un message divin, un rêve n’est-il pas toujours une apparition surprenante, même le plus absurde, quelque chose comme une déchirure significative dans le voile mystérieux qui tombe en nous et de ses mille plis recouvre notre vie profonde ?
[…] Le rêve, à ce qu’il me paraît, est une défense et notre sauvegarde contre la routine et la banalité de l’existence, les libres vacances de l’imagination enchaînée, où elle s’amuse à mettre sens dessus-dessous toutes les façons de la vie et à couper d’un jeu d’enfant joyeusement folâtre le perpétuel sérieux affairé de l’adulte.
Sans les rêves, nous serions sûrement vieux plus tôt; aussi peut-on considérer le rêve comme un don divin, quand même il ne nous vient pas directement d’en-haut, comme un ami qui nous accompagne dans notre pèlerinage au saint tombeau. Et certes, le rêve que j’ai eu cette nuit ne peut pas être un simple hasard, un incident fortuit et sans effet dans ma vie, car je sens que c’est produit dans mon âme comme un enclenchement à l’engrenage d’une immense roue et que son mouvement puissant l’entraîne.