La Voie lactée plongeait dans la vallée et rejoignait la buée lumineuse qui montait des villages. On ne savait plus ce qui était étoile ou lumière des hommes. Il y avait des villages dans le ciel et des constellations dans la montagne. La nuit était si belle, si vaste, si parfumée qu’on se sentait un cœur grand comme le monde. Et pourtant tu remplissais ce cœur. Et je n’ai jamais pensé à toi avec tant d’abandon et de joie.
L’Isle-sur-la-Sorgue, 4 septembre 1948
Correspondance (1944-1959), d’Albert Camus et de Maria Casarès, Gallimard