nous perdons les limites de nous nous avons perdu nos frontières
dans un tremblement dans le séisme
je ne sais pas où tu finis je ne sais plus si tout est achevé
où je commence quand je commence
Catherine Peillon
“Lettre a Xenos”
Lettres d’amour en langue étrangère
Tango Girafe. 2023
Aurait-il fallu une préface au poème ? Expliquer de quoi, comment, il était fait ? L’origine de l’épopée ?
Le prétexte: une histoire banale, contemporaine et de tous les temps, entre deux amants, chacun étranger à la langue de l’autre, utilisant une tierce langue.
Pourtant, ici même, tout se dérobe.
au fil des lettres, un fil faiblement narratif, se faufilent entre deux personnalités énigmatiques, déconcertantes : entre elles une histoire d’amour à trous, dans l’espace et dans le temps.
Elle, qui toujours d’adresse, jamais ne signe, d’où surgit-elle dans sa quête inlassable, éperdue, de l’autre ?
Et l’autre, Xenos, existe-t-il? D’où vient-il, lui qui porte dans son l’insigne de l’étranger et de l’errance ?
Elle lui écrit dans cette langue, une langue de passage, une langue sans écho/il entend presque la même chose: passer de la langue à la langue sans l’écho de la langue vivante […] dans une traduction approximative, et même s’il (lui) reste opaque, (elle lui) adresse ici l’original écrit dans (sa) langue maternelle…Lui reçoit une approche traduite avec la trace initiale et sombre / tentative désespérée de la mère …
Elle lui écrit, on peut l’imaginer, en poste restante, tandis qu’il parcourt le monde.
La Lettre traverse et est traversée, transpercée, par des questions de langue, de langues, d’amour, d’élans, de brûlures, d’absence…
D’exil aussi, de Méditerranée, de parfums, de sons, d’échos de voix anciennes, sédimentaires.
Empédocle, Homère, Ibn Arabi, Dante, Hölderlin, Darwich, Elytis, Gilgamesh…
Intertextualités.
Empilements. Peut-être comme ma ville, Marseille ?









