Ami, dans ce voyage,
Ce n’est pas le départ qui tue
Ni le désert infernal
Ni le soleil ni les ravisseurs
Ni même la solitude des êtres chers
Ami, dans ce voyage je dis,
Ce n’est pas les djihadistes qui tuent
Ni les terroristes noirs
Ni les passants ni les passeurs
Ni même les forces spéciales
Ami, dans ce voyage,
Ce n’est pas la Méditerranée qui tue
Ni les viols à deux balles
Ni les faux capitaines de zodiac
Ni même les gifles
Ami, dans ce voyage je dis,
Ce n’est pas la faim
Ni la soif qui tue
Ni les insultes
Ni le mépris du quotidien
Ami, dans ce voyage je dis,
Ni le manque
Ni même le voyage infernal
Ni les garde-côtes
Ni même les coups de Kalach
Ami, dans ce voyage,
C’est le rêve d’un monde
imaginaire qui tue
Nantes, 27 mai 2022
Falmarès
Catalogue d’un exilé
Flammarion. 2024
Trouver la beauté dans ce « voyage infernal », mettre en scène la migration et l’exil, voilà ce que nous offre la poésie de Falmarès. Son chemin est retracé depuis la fuite de la Guinée, les horreurs de la guerre et la traversée dans un zodiac surchargé, jusqu’à l’arrivée en Italie puis en France, où on accompagne Falmarès dans toutes ces villes, étapes du périple : Berck, Nantes, Paris… Ce recueil reflète la douleur, la perte et le manque autant qu’il est traversé par l’espoir, les odes à la beauté et à la poésie d’ici et d’ailleurs. Héritier des plus grands poètes français auxquels il rend hommage – de Césaire à Rimbaud –, ce réfugié poétique puise dans sa langue la force de sa résilience. « Ses poèmes sont nimbés de lumière et de pardon », comme l’écrit le poète Nimrod dans sa préface.









