qu’aucun accord n’existe
vous le comprenez ce serait trop facile s’il agissait
simplement d’atteindre une cible
or si quelque chose ici se configure comme un but à atteindre
c’est une sorte de nébuleuse qu’il faut penser
le ciel étoilé bien sûr mais sans constellations
et tombé sur un lit de feuilles mortes
ce serait, il faut sans tarder en suivre le pas,
suivre le pas qui va dans ces feuilles et les disperse,
ce serait plutôt une sorte de film dont il faudrait trouver le banc-titre
au moment même où se forme l’image, exactement
comme si dans la forêt des pixels venait s’écrire l’arbre du nom,
une magique soupe Seurat avec un néon s’insufflant dans les points,
vous le voyez d’ici ce tableau du réel s’allumant,
La vérité d’un sens se tournant vers nous sans intention
exactement comme il le faut dans la voix
dans les voix qui sont avec elles.
le morceau choral ajouté qui se fond et s’enchaîne au jour et à la nuit,
façon fin de règne encore lumineuse,
façon de crépuscule luminescent,
une sonate de luciole ou de grains de riz par poignées
dans des gerbes de lumière,
le temps des verbes avalés ensemble
dans l’hypothèse d’un maximum des flux,
tout se conduisant comme un simple et long panoramique
unique séquence bande-son roulant versée, ce serait
encore dirait-on comme une peau tatouée par le sens
l’empreinte venant de l’intérieur pour qu’il y ait surf et surface
et que les choses en quelque sorte conduites par la main,
se comportent comme des noms sans avoir à en souffrir
: cette douce et forte victoire tu la nommerais sans hésiter la beauté ?
oui oui il le faudrait
oui, échappant à la règle on irait par un tel chemin
ayant réglé la question des vitesses et du mode
celle du chant plein de regardants, ayant résolu
la question des coupes et réglé les montées de silence
des pales d’hélice au loin, tournent
un dessin à la craie sur le sol
marelle
enfant germés du dieu d’Héraclite poussant le palet
vers Mallarmé la profonde
l’autre nom, le prête-nom de la fée des ratures
un rythme / un souvenir / un image / un battement
mai 2004
Jean-Christophe Bailly
Temps réel
Seuil. 2024









