Les gens

Les gens sont periurbains, ils sont ruraux, ils sont en exode en exil en extase en exiguïté, ils sont délogés, ils n’ont pas toujours un toit sur la tête, ils sont sédentaires ils sont sédimentés, ils sont nomades ils sot home made ils sont importés, ils sont très importants les gens. Ils sont ventripotents ils sont ventriloques et cavernicoles, ils sont regroupés ils sont répartis ils repartent à peine arrivés, ils passent par quatre chemins, on les détourne comme on veut, un rien les retourne, ils n’arrivent plus à se situer, ils sont dans des situations pas possibles ils ne savent plus où ils habitent, ils préfèrent savoir qui, qui les habite, ils habitent dans leurs habits, ils sont des habitudes et sont hébétés, ils sont ahuris éméchés festifs ou taciturnes, ils sont à droite à gauche un coup chez l’un un coup chez l’autre, ils sont sur les canapés ils sont de la partie ils sont en altitude, ils planent ils campent ils bivouaquent ils ramassent leurs affaires, ils se coupent ils se raccourcissent, ils se donnent des tuyaux ils se posent des lapins, ils se lancent des fleurs puis ils prennent la mouche.
Les gens sont des montagnes. Les gens sont des villes et des mégalopoles. Ils sont des bords, des bas-côtés et des fossés. Ils sont des trous perdus. Ils sont partout. Ils habitent. Ils habitent avec rage, avec force, empathie. Ils habitent comme ils peuvent. Et ils sont détruits.
Ils sont parachutés, muté, localisés. Ils sont très affectés, les gens. Ils sont mobiles, ils glissent, décampent.
Ils sont lotis, bâtis, tuilés. Ils sont huilés, vernis, crépis. Ils crépitent, ils cimentent, ils ont tout bétonné.
Ils sont en chaume, en bois, de marbre ou de paille. Ils sont les trois petits cochons. Ils sont bien installés mais ça les démange de déménager. Car ils reçoivent ou sont reçus, ils sont toujours toujours les hôtes. Toujours les autres.

Antoine Mouton
Nom de l’animal
Ed La Contre Allée. 2025

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