L’Étendard sanglant est levé

Mardi 18 mars 1980

Gourv ajusta le fusil sur son épaule
Des arbres, des ronces et des fourrés bruissaient tout autour de lui.
Une bouteille de bière se trouvait dans l’axe de son canon.
L’aube pointait au loin, derrière la forêt.
Les balles claquaient, à droite comme à gauche.
Gourv appuya sur la gâchette.
La bouteille demeura intacte.
IL tremblait -trop de fatigue et de tension.
La semaine avait été sportive – il avait mis au point deux attaques à l’explosif. La première avait eu lieu le 10 mars contre la société de rénovation du secteur Plaisance, rue Bardinet. La deuxième avait atteint un immeuble administratif de la DST rue Rembrandt cinq jours plus tard. Gourv avait tout juste eu le temps de prévenir l’inspecteur Lienard. Elle avait répondu Feu Vert, mais pas d’explosif puissant. Gourv avait obéi – il avait mis au point une petite bombe qui avait fait peu de dégâts.
Depuis trois jours, des bouffées d’angoisse lui lacéraient les tripes. Gourv flippait du rythme auquel se développait Action Directe – les objectifs se multipliaient à une cadence qui était à mille lieues de ce qu(il avait connu pour l’instant avec le Groupe autonome révolutionnaire.
Il était effrayé à l’idée que l’Antigang ou le GIGN leur tombe dessus sans prévenir, et envoie Kathy croupir en taule.
Il avait peur de ses propres armes en cas d’intervention – Lienard lui avait fourni des munitions à blanc pour pouvoir tirer sans blesser ses collègues.
Il redoutait que la DST monte une opération contre Action Directe pour se venger de l’attentat, et qu’il se ramasse une balle perdue pendant une fusillade.

Benjamin Diersten
L’Étendard sanglant est levé
Flammarion. 2025

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