Jean Genet

RIEN NE TROUBLERA plus l’éternelle saison
Où je me trouve pris. L’eau de la solitude
Immobile me garde et remplit la prison.
J’ai vingt ans pour toujours et malgré votre étude.

Pour te plaire ô gamin d’une sourde beauté
Je resterai vêtu jusqu’à ce que je meure
Et ton âme quittant ton corps décapité
Troublera dans mon corps une blanche demeure.

Ô savoir que tu dors sous mon modeste toit !
Tu parles par ma bouche et par mes yeux regardes
Cette chambre est la tienne et mes vers sont de toi.
Revis ce qu’il te plaît car je monte la garde.

Jean Genet
Le condamné à mort
Marche funèbre/ VII
Gallimard 1999

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