Je suis grand

Il a marché jusqu’à la machine, est revenu avec un nouveau gobelet.Je me rappelle le jour où j’ai appris que j’étais devenu adulte. Je vivais avec Marie, nous avions Agustin depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à…

Stromboli

La conscience qu’il eut de cet instant lui fit saisir combien il était fruste – ce qui se jouait en lui , à l’intérieur, n’avait de cesse de lui être énigmatique, confus, trouble – et aussi, dans le même temps, combien il était capable de faire émerger des ténèbres une pensée pour lui-même. Il considéra…

Une vie passée à caresser une vitre

Tu postes, tu likes, tu swipes tu cliques, tu scrolles, tu croules sous les notifset quand vient l’avalanche, tu te bouches le nez et tu croules Tu surfes sur le vide?l’iris éteint, rétine absenteTout ce que tu touches n’a plus de poils, n’a pas de peau.T’as 50 fenêtres ouvertes mais ton cœur se referme.Une vie…

La ballade du café triste

La nuit vint. La pluie avait rafraîchi l’atmosphère, et c’était comme un soir triste et sombre d’hiver. Pas une étoile au ciel. Un petit crachin tombait, glacial. A l’intérieur des maisons, les lampes n’étaient plus que des lueurs tremblantes et sinistres quand on les regardait de la rue. Le vent s’était levé. Il ne venait…

After

Ils étaient là, tous les trois, dans la cuisine, la bouteille de champagne débouchée sur le plan de travail, mon père, ma mère, et mon frère Abel qui soudain a voulu dire quelque chose, me porter un toast, marquer le coup, si bien que nous nous sommes raidis et avons fait silence, les yeux posés…

Le rapport de Brodeck

Peiper m’avait écouté en remplissant régulièrement son verre. Moi, j’avais vidé mon sac. J’avais parlé, longuement. J’avais presque tout dit. Sauf les lignes que j’écris en plus du Rapport. Mais j’avais dit mes doutes, mes effrois. J’avais dit ce curieux sentiment d’être tombé dans un piège dont je ne parvenais pas à comprendre exactement qui…

Trois cœurs battant la nuit

Mon regard quitte les baraquements pour se porter plus haut, sur l’ancien hippodrome transformé en base militaire Une fois par mois, une grande mascarade fasciste s’y tient. Nepel se livre à un discours-fleuve, où il déverse ses nauséabondes litanies dans l’espoir de convaincre, à travers les caméras, les autres leaders fachos de part et d’autre…

du ciel vers la mer

Je comprends ici ce qu’on appelle gloire Le droit d’aimer sans mesureIl n’y a qu’un seul amour en ce monde :Étreindre un corps de femmeC’est aussi retenir contre soi cette joie étrangeQui descends du ciel vers la mer Albert CamusNoces à Tipisa. 1939Gallimard.

L’anomalie

-Je refuse d’être un programme, peste Meredith…Adrian, si cette hypothèse est la bonne, alors nous vivons une allégorie de la caverne, mais à la puissance n. Et c’est insupportable : passe encore que nous n’accédions qu’à la surface du réel, sans espoir d’accéder à la vraie connaissance. Mais que même cette surface soit une illusion,…

Personne ne gagne

Conclusion, ne tient rien qui ne tienne pas dans la poche de mon manteau. Tu dois te surveiller comme un obèse à la diète. La moindre broutille eut se retourner contre toi, et tu auras tout le temps de te repentir de ta négligence.Donc, tu vas chercher un nouveau costume,pense à arracher les étiquettes,et quand…