Je songe maintenant à ces noms propres qui sont des toponymes, à ces anthroponymes qui désignent des lieux, à ces villes qui s’appellent Athènes ou Lisbonne sous différentes latitudes, à ces personnages qui se nomment Quichotte ou Gargantua, Guermantes ou Meaulnes, je pense au Havre et à Bouville, à la route des Flandres et à Ellis Island, aux Cards et à Lascaux, à la mer des Sargasses, je prononce lac Baïkal et Wyoming, je prononce Sahara et Cap Horn, et encore détroit de Gibraltar et delta du Mékong, je murmure Grandes Jorasses, Guadalquivir et Loire, Liège-Bastone-Liège, je murmure Zanzibar, Endoume, Kamtchaka, et encore Mont Aigoual, plateau de Millevaches, massif des Maures, je chuchote Forêt Noire, Epeluche et Les Fougères, les noms se bousculent, ils vibrent et prolifèrent, et parmi eux, sur une route des Landes, dans l’été qui bourdonne, ce panneau rectangulaire lisreré de rouge et ces lettres noires inscrivant MAYLIS sur un fond blanc, ou cet autre, photographié en novembre, en Finistère, signalant KERANGALL sous un ciel noir.
Je pense à ces noms inscrits dans les paysages et je pense aux paysages véhiculés dans les noms.
Maylis de Kerangall
A ce stade de la nuit
Ed Verticales. 2015