Ecume pluie tête clamée battements d’eau pluie
ô livraison de mes visages l’enlacement clarteux la jonction noueuse de ces deux fleuves d’avant première de la tempête
je roule calloge l’eau la vague l’écume je me lave roche moi roche la mer paresse dans mes golfes la mer inonde ma présence
écume le paysage vire une concentration germe la ligne de l’horizon passe au lieu primordial de ma joie les arbres me dédient l’envolée sèche de leurs feuilles
la boue des ravines vers ma pauvreté coule sa patiente rumination un quai
doucement pourrit sa paix limoneuse
Et mes sens réunis ma peau granuleuse j’exhale
ma maison ma solitude Taoulo ma voix
fouette écrase Taoulo siffle
et la terre du fond coléreux de sa matrice vers moi soulève mes éblouissements
l’air enrubané de pluie m’envahit ô la camisole de force de l’air
Taoulo et la sang près de moi dépose des écharpes de jaunissure
et le temps rafle l’invisible vitesse
désœuvrement pourrissant d’un mangot sur la roche.
Edouard Glissant
Roche
LE SEL NOIR
Le sang rivé (1947-1954) / Saison unique
En mode haïku: sensations à la lecture de sa poésie