J’aime l’automne et l’ombre des sens,
Dans l’automne
me plaît l’ambiguïté légère
aux mouchoirs transparents,
telle la poésie à l’instant de sa naissance,
éblouie par l’incandescence de la nuit
ou l’obscurité de la lumière,
allant à quatre pattes
sans trouver de nom aux choses.
Me plaît une pluie pudique qui ne mouille
que des femmes lointaines,
(En pareil automne une noce
croisa un convoi funèbre, le vivant célébra
le mort et le mort, le vivant.)
Me plaît de voir un roi se pencher
pour reprendre la perle de la couronne
à des poissons dans le lac.
Me plaît dans l’automne la libre pâture
des couleurs,
Pas de trône pour l’or humble
dans les feuillages humbles
ainsi que l’égalité dans la soif d’amour.
Me plaît qu’il soit trêve entre deux armées qui
attendent l’affrontement de deux poétesses
amoureuses de l’automne
mais en désaccord sur l’orientation
de la métonymie.
Et me plaît en automne la complicité
entre la vision et le mot !
Mahmoud Darwich
Comme des fleurs d’amandier ou plus loin
Actes Sud. 2007









