mescaline

A la stimulation excessive, l’appareil visuel répond en brillances, en resplendissements, en couleurs outrancières qui heurtent, qui brutales et vulgaires, composent des ensembles qui heurtent, comme votre cortex visuel est présentement heurté et brutalisé par le poison envahissant.
Et vous rencontrez multitude. Une foule apparait, de points, d’images de petites formes qui, très, très , très vite passent, circulation trop vive d’un temps qui a une foule énorme de moments, qui filent prodigieusement. La coexistence de ce temps aux moments multipliés avec le temps normal, pas entièrement disparu et qui revient par intervalles, oblitéré seulement en partie par l’attention portée sur l’autre, est extraordinaire, extraodinairement déréalisante.
La coexistence de l’espace aux point innombrables (et tous très « détachés ») avec l’espace à peu près normal mais comme noyé et en sous-impression, est pareillement et parallèlement extraordinaire.
La multitude s’étend dans les pensées qui fouinent à toute allure, en toutes directions, dans la mémoire, dans l’avenir, dans les données du présent, pour saisir des rapport inattendus, lumineux, stupéfiants, et qu’on en voudrait retenir, mais que la foule des suivants emporte avec précipitations et fait oublier.

Henri Michaux
Connaissance par les gouffres
1.Comment agissent les drogues
1961

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