vrais

J’ai vécu vingt-six ans en Palestine.
Je n’ai participé à aucune manifestation
Je n’ai jeté aucune pierre
N’ai appartenu à aucune faction politique
Aucune explosion ne m’a réjouie
Je n’ai permis à personne d’aider qui que ce soit
Mais
J’ai perdu mon amoureux d’une balle dans la tête
Un coup de téléphone m’a sauvée de mourir d’une balle dans la tête
Mac chambre à coucher a explosé pendant que derrière la porte du placard je regardais les balles voler
J’ai été arrêtée au bord de la route
Vingt fois en voiture un tank m’a coupé la route
J’ai marché dix heures dans les montagnes pour rentrer chez moi et les soldats m’ont ramenée
Deux mille cinq cent fois j’ai passé le barrage
J’ai inhalé le gaz d’une bombe lacrymogène tombée à mes pieds
Et mes enfants celui d’une autre bombe dans une voiture
J’ai changé le pare brise pris trois fois en un mois
J’ai quitté ma maison Je suis retournée et j’ai déblayé les débris de vitres sur les tapis et les oreillers
J’ai vécu six mois consécutifs sous couvre-feu (hors Corona)
J’ai flâné dans les cimetière avec mes amies amoureuses J’ai compté les balles pleuvant sur notre quartier pour m’endormir
J’ai appris à reconnaître les avions à leur bruit
les bombes à leur fumée
La forme de la peur à son odeur
Je suis sortir revenue j’ai mangé appris me suis lavée baignée ai aimé accocuhé selon les bulletins d’information les plus récents

Maya Abu-Alhayyat
Robes d’intérieur et guerre
Tous les éléments de ce poème sont vrais
ED Héros-Limite. 2024

Poèmes traduits de l’arabe (Palestine) par Mireille Mikhaïl et Henri jules Julien

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