Arbre en octobre

Pendant que je t’aimais dans les hauts de la ville
Un frêne, tendre et dur, creusait ses reins au vent
Arqué contre la nuit de tempête et d’argile.
Fondant fief et le sol face au ciel dérivant.

Ma joie, d’un même élan, redécouvrait sa force
Je te ployais avant que d’être ainsi ployé
Et pendant qu’à la vitre octobre ruisselait
Des houles, des forêts, irriguaient notre écorce.

Le temps passe, la neige arrive au bout de l’an
Ton corps terrible et doux fait soleil sur ma pierre
Un jour je serai frêne et toi nuage blanc
L’un à l’autre tressés, l’un l’autre gémissants
Dans le creuset fumant des moiteurs de la terre.

Luc Bérimont
(1915-1982)

arbre automne 2

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