Un écrivain, le jour se son arrivée en Inde, se déshabilla sur une plage pour plonger dans les vagues, revint sur le sable, se rendit compte qu’on l’avait dévalisé et loua alors les dieux d’éprouver sa capacité à la bienheureuse indifférence. Il faut se mettre à l’école de l’acceptation du sort, de l’amor fati nietzschéen ou du désabusement pyrrhonien. Dans l’Art de la guerre, Sun Tzu nous persuade que tout ce qui nous advient – en bien ou en mal – n’est qu’une poussière dans la roue de la destinée : « Sur les cinq éléments, aucun ne prédomine constamment ; sur les quatre saisons, aucune ne dure éternellement ; parmi les jours, les uns sont longs et les autres courts ; et la lune croît et décroît. » En afghan, pour signifier cela, on dit « Inizme gozarat », tout passe !
Sylvain Tesson
Géographie de l’instant
2014. Editions de l’Equateur