Le berger

Que pour moi cependant, si je me trouve de nouveau dans
     la cohue des villes
et l’écheveau des bruits emmêlés et le
désordre des voitures autour de moi, tout seul,
que cependant, par-delà cet engrenage impénétrable, il me souvienne
du ciel et de la crête de la montagne
dont le troupeau qui rentrait foulait la terre.
Que je me sente de pierre
et que la tâche quotidienne du berger me semble possible,
la façon dont il va et brunit et d’un jet de pierre exact
rappelle à l’ordre le troupeau dont s’effrange le bord.
Le pas lent (nullement léger), le corps méditatif,
mais, immobile, son maintien est admirable. Un dieu pourrait encore
se sentir chez lui dans cette stature sons en être amoindri.
Et lui tantôt s’attarde, tantôt va, comme le jour lui-même,
et les ombres des nuages
le traversent, comme si l’espace pensait
de lentes pensées à sa place.

(…)

Rainer Maria Rilke
Poèmes à la nuit. 1916
Ed Verdier

Transhu2008

Vallouise, Le Villard. Vers Les Bans. 5 Août 2008. Transhumance. Mr J.J.Martin

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