« … Les auteurs de haïkus ne sont pas des fonctionnaires du vers, ni des intellectuels dévots du logos, mais des auteurs qui, comme Rimbaud ou Segalen, Walt Whitman ou Ezra Pound, mène une vie poétique. Pour eux, écrire est vivre …
Dans la logique du haïku, le mot n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour parvenir à plus et mieux que lui : saisir l’une des épiphanies du monde dans sa pointe la plus brillante … (En effet donc le haïku) suppose une quête des épiphanies … une recherche de pointes fines du monde. Leurs recueils n’éloignent pas du monde, ils y conduisent pour nous y ramener plus riches de lui …
Avec dix-sept syllabes seulement, le haïku produit du sublime … (et) entre la petitesse de l’homme et l’immensité des cycles de la nature … fait naître le sentiment océanique … (il est) au service de la vie empirique, une phénoménologie minimale pour une poétique maximale … un éclaircissement de ce qui est …
Le haïku exprime la transcendance dans l’immanence, il la saisit, la sublime, la transfigure dans une formule économe en mots, mais riche en percées ontologiques …
Le haïku réussi capte l’énergie dans les épiphanies * du monde. Après lui, le silence s’impose « .
Cosmos. Une ontologie matérialiste
(Flammarion, Paris, 2015)
Extraits, in !Ploc N°64. La revue du haïku. Avril 2016. www.100pour100haiku.fr
Note : Épiphanie: du grec epiphainein: révéler