Un navire dans tes yeux
Se rendait maître du vent
Tes yeux étaient le pays
Que l’on retrouve en un instant
Patients tes yeux nous attendaient
Sous les arbres des forêts
Dans la pluie dans la tourmente
Sur la neige des sommets
Entre les yeux et les jeux des enfants
Patients tes yeux nous attendaient
Ils étaient une vallée
Plus tendre qu’un seul brin d’herbe
Leur soleil donnait du poids
Aux maigres moissons humaines
Nous attendaient pour nous voir
Toujours
Car nous apportions l’amour
La jeunesse de l’amour
La sagesse de l’amour
Et l’immortalité.
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Paul Eluard
Les sept poèmes d’amour en guerre
Au Rendez-vous allemand
Editions de Minuit. 1945