Oui, plus que tout, je le confesse,
C’est toi que j’aime, ô Terre-mère !
Je suis ton fils, peu m’intéressent
Les voluptés d’esprits sans chair.
Au paradis je te préfère,
Temps de l’amour, temps du printemps :
Mai, ses rêves d’or, sa lumière,
Son bonheur en fleurs jaillissant !
Tout le jour, sans cesser la fête,
Boire, tiède, l’air printanier ;
Dans le ciel pur, haut sur nos têtes,
Regarder les nuées passer ;
Errer sans but et sans ouvrage,
Et par hasard, comme en un jeu,
Découvrir un parfum sauvage,
Ou quelque rêve lumineux.
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1836
Fiodor Tiouttchev
Poésies
Éditions l’Âge d’Homme
Traduction du russe par Paul Garde