Souvenirs dormants

Nous sommes entrés dans le Jardin des Plantes et nous avons suivi une allé jusqu’à la ménagerie. Le petit garçon nous distançait en courant, puis il faisait demi-tour et revenait vers nous. Il imaginait qu’il devait échapper à des poursuivants i,visibles et, par moments, il se cachait derrière la tronc d’un arbre. Je lui ai demandé si c’était son fils. Oui. S’était-elle mariée ? Non. Elle vivait seule avec son fils. En somme, nous nous étions retrouvés six ans plus tard dans la rue où nous avions fait connaissance, mais je n’avais pas l’impression que le temps avait passé. Au contraire, il s’était arrêté, et notre première rencontre se répétait avec une variante : la présence de cet enfant. Il y aurait d’autres rencontres avec elle, dans cette même rue, comme les aiguilles d’une montre qui se rejoignent chaque jour à midi et à minuit. D’ailleurs le soir où je l’avais rencontrée pour la première fois à la librairie des sciences occultes de la Geoffroy-Saint-Hilaire, j’avais acheté un livre dont le titre m’avait frappé: L’Éternel retour du même.

 

Patrick Modiano
Souvenirs dormants
Gallimard. 2017

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