Poésies du Métropolitain

Quand vous êtes descendue
Inconnue
Sur le quai
A travers la vitre vous m’avez regardé
Et souri
Car sans m’en rendre compte je vous souriais

    ALORS
Mon cœur cogne et se meurtrit contre les vertèbres rien qu’au souvenir
    ALORS
Un dixième de seconde la porte du wagon resta encore ouverte
Un dixième de seconde pour que je bondisse sur le quai
Un immense dixième de seconde
    Et alors
La porte s’est refermée sur moi immobile
    Et alors
Nos prunelles sont restées attachées l’une à l’autre par un fil
Et alors ô mort le métro a démarré
Et le fil plus frêle que le verre et plus dur que l’acier
Le fil tendu entre nous à jamais
Le fil arrimé à chacun de nos prunelles
Le fil s’est brisé contre le tunnel

 

Edgar Morin
Poésies du Métropolitain
Ed Descartes & Cie. Octobre 2018

metro5

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