So phare away

Il pointe la mer. La houle, je la scrute longuement, creux et crêtes, jusqu’à perdre repère et flotter, léger vertige. Les vagues virent au bleu pétrole à la vertu du crépuscule, le mistral hausse le ton, ça moutonne aux franges, à monter, à descendre – et à la lisière de l’écume, quelque chose, furtivement, scintille et passe…
J’ai la respiration coupée.
Cette impression de la voir courir à tire-d’eau en tintinnabulant gauche-droite sur ses pieds de lait frais, comme un culbuto de rire coulant et clair, son babil neuf jonglé en bouche et lâché à la hurle parmi la couleur des sons – Annah –
Annah qui coupait à travers la vague avec sa frimousse fraîche et m’appelait, pas à la façon d’une bouée, plutôt comme horizon de course, point d’attache, fil de pêche, comme si elle traversait de nouveau d’un galop court à cahots notre terrasse de tommettes en tambourinant le sol, talons nus, bras jetés et bouille tout-soleil – Papa !

Alain Damasio
So phare away
Ed La Volte. 2012

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