Je relis cette lettre ce matin. Ce sont des pensées de nuit, toujours excessives. Si je te les envoie, c’est pour remplir notre promesse. Mais avec la pensée du matin, plus claire et plus modeste, je vois bien ce que cela signifie. Cela signifie que j’ai retrouvé avec toi une source de vie que j’avais perdue. On peut avoir besoin d’un être pour être soi-même. C’est ce qui arrive en général. Moi, j’ai besoin de toi pour être plus que moi-même. C’est ce que j’ai voulu te dire cette nuit, avec la maladresse de l’amour.
25 août 1948
Correspondance
Albert Camus et Maria Casares 1944-1959
Gallimard
