l’indicible

Parmi toutes les souffrances et les douleurs il y a
celles qui n’ont pas de nom, des noms qu’il faut
trouver soi-même pour traduire leur état. Par
exemple le fait de ne plus se sentir vivant ou cette
impression de danger et d’étrange auxquels on ne
peut se soustraire, entrevoir quelque chose, passer
les portes d’un secret, qui obligent comme contre-
sort à inventer des conjurations rituelles de la
menace. Je prends l’initiative. Je secoue le prunier.
Je m’attache à deviner une présence, l’irréductible
d’un univers vivant, des paroles vivantes dont les
gestes se répercutent à l’air libre. Je vois le sacré
d’un corps pencher dans l’indicible et tout le
visible autour chantonner crescendo à voix basse
la chanson des malvenus, des partis pour rien, le
geste solitaire des apprentis timides foudroyés par
le territoire à regret. C’est la ligne de séparation, la
grande menace, l’effroi, que le langage repousse à
deux mains pour fuir les fantômes de la punition.
(p. 117)

Patrick Laupin . La Mort provisoire éditions La rumeur libre. 2022
https://poezibao.typepad.com/poezibao/anthologie_permanente/

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