…comme une propriété des choses, non pas leur vêtement, non pas le lin ni l’armure argentée, mais une transparence, une limpidité; et non pas seulement du ciel, mais de tout l’espace et de toutes les choses dans l’espace, montagnes très éloignées, suspendues en l’air, rares nuages à leur cime, puis les arbres, l’herbe, la terre, un tas de bois contre une maison; une allusion au cristal, plutôt que le cristal lui-même, qui n’étincelle que dans l’Alpe. En effet, quoique pas un souffle n’anime les feuillages, que la lumière ne tremble pas, tout respire avec naturel. Eh bien: si ridicule que cela soit, il me semble que brille devant moi en ce moment le « dedans » des choses; que le monde rayonne de sa lumière intérieure…
Philippe Jacottet
La Promenade sous les arbres
La bibliothèque des arts. 1957