Je redoute tant la parole des hommes.
Ils expriment tout de manière si claire :
et cela c’est un chien, et cela s’appelle une maison,
et voici le début, et la fin est là-bas.
M’inquiète aussi leur esprit, leur jeu avec la raillerie,
ils savent tout ce qui sera et ce qui fut ;
ils ne s’émerveillent plus d’aucune montagne ;
leur jardin et leur terre confinent directement à Dieu.
Je veux toujours mettre en garde et défendre : restez à distance.
J’écoute si volontiers les choses chanter.
Vous les touchez: elles sont immobiles et muettes.
Vous me tuez toutes les choses.
Rainer Maria Rilke
Pour me fêter. 1897
Agadir la nuit (Maroc)