A Lisbonne l’océan a des relents d’absinthe
Et les navires à quai ont amené les voiles,
Le vent chevauche dans le sang des fureurs presque saintes.
On attend, on se perd, et on se perd vraiment
A voir passer les heures au bureau de tabac
Dans l’oubli décidé d’un vers de Pessoa
Si longtemps gratifié d’une force d’aimant.
Toute réalité est partie en fumée,
Tout désir de trafic, d’inconnu et de gloire
S’étire infiniment comme un chant dans le noir,
Et les étoiles tanguent au rythme des marées,
Et les ciels indécis semblent prendre racine
Sous le linceul usé d’une épopée marine.
André Velter
– Un autre corps –
Tant de soleils dans le sang
Galimard. 2014