Refuge

Certains jours, nous avions de la visite. Pas plus de deux ou trois personnes à la fois que nous guettions d’en haut avec nos jumelles. André les appelait “les éphémères”. Davide les accueillait sur le seuil, leur servait une assiette de polenta avec de la tomme et un verre de vin, les accompagnait à l’étage s’ils voulaient rester dormir puis nous rejoignait à la cuisine. Nous gardions nos distances, non pas parce que nous n’aimions pas les visiteurs, mais parce qu’ils appartenaient au monde d’en bas et nous en apportaient des nouvelles, ds nouvelles que nous préférerions ne pas avoir. On s’en passait très bien. Quand les éphémères repartaient, nous les regardions s’éloigner, se faire de plus ne plus petits, puis disparaître au détour d’un chemin, et c’est avec soulagement que nous retrouvions notre solitude.

 

Paolo Cognetti
Le Garçon sauvage
2017. Zoe éditions

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Refuge du Pigeonnier. Vaulgaudemard

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