On s’enivre, à tes côtés, herbes et millet noir, mon aimée.
Te voir rend fou, te le roi Phalal, toi, ma souffrance, mon aimée.
Tu offres grâce, là où tu vas, toi, douceurs du festin, mon aimée.
Tu es toujours savoureuse, les douceurs périssables, mon aimée.
Tes paroles, tantôt sont incandescentes, tantôt exquises,
Tantôt, jument légendaire, tantôt, mille autres figures,
Tu es une grange de perles, de mille reflets tes nacres brillent.
Fermée au cadenas d’argent, – la barre d’or du portail, mon aimée.
Ton visage est soleil auroral, peu à peu, il s’enfièvre.
Toi, de l’atelier royal, tissu d’or aux arbres entrelacés.
Pour rien, ne sois si courroucée, tue-moi, si je suis coupable.
Dans tes mains, eau et sang, tu es le supplice du bourreau, mon aimée
Comme la belle plume de ce paon, on admire tes chatoiements,
Comme une fleur sortant des neiges, par le soleil, touchée,
Laisse-moi autour de toi pleurant ; rossignol d’une rose languissant,
Ne prends pas ton envol si tôt, tu es un faucon, mon aimée.
Nul changement, en bien en mal, de ton amour, malade, je suis.
Mes médecins compatissent. Ils m’expriment leurs vains regrets.
Mes admirateurs rentrent bredouilles : Pauvre Sayat-Nova, disent-ils.
Si tu viens, je me lèverai, – si…digne de ma lyre, mon aimée.
SAYAT-NOVA
Poète du XVIII° siècle
Odes arméniennes
ODE N° 41 – Si tu es digne de ma lyre (avril 1758)
L’Harmattan. 2006
merci pour ce clin d’œil arménien..
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